Au Bord du LAK – 12ème édition

Voyages et Jeunesse

logo de l’association Concordia

Chantiers jeunes Concordia : une autre façon de travailler, de voyager

Connaissez vous « Concordia » ? Il s’agit d’une association d’échanges internationaux et de chantiers bénévoles. Sur internet on peut lire : « Concordia est une association à but non lucratif, née en 1950 suite à la Seconde Guerre Mondiale d’une volonté de jeunes anglais, allemands et français de faire renaître les valeurs de tolérance, de paix à travers des chantiers internationaux de bénévoles. Aujourd’hui encore, Concordia œuvre à défendre ces valeurs. Les projets que nous proposons ont pour objectif premier de favoriser les échanges intergénérationnels et interculturels mais aussi de promouvoir d’autres formes d’apprentissage ».

L’association défend et promeut des valeurs lors des séjours qu’elle organise : promouvoir le vivre ensemble, partager les cultures et manières de vivre de chacun, apprendre une langue, s’instruire différemment, retrouver confiance en soi, … Souvent d’une durée d’une semaine, un chantier jeune est une expérience bénévole à double objectif : d’une part, participer à un travail particulier et apprendre de nouvelles pratiques. D’autre part, rassembler un groupe mixte de jeunes, d’adolescents ou d’adultes autour d’un lieu de vie qu’est le chantier, afin de favoriser l’échange de culture, de savoir et de connaissances. Parfois, les chantiers bénévoles sont une solution tout à fait envisageable en cas de problèmes scolaires ou sociaux.

Comment s’inscrire à un chantier jeune, Comment se préparer : S’inscrire à un chantier jeune en tant que volontaire, avec Concordia n’est pas toujours évident car cela demande un minimum de temps. Il faut rassembler certains documents spécifiques (assurances, fiches santé…) mais ce n’est pas du temps gâché puisque le dossier d’inscription que vous créez doit être complet et précis afin que les organisateurs puissent s’adapter (si nécessaire) et améliorer la qualité de votre séjour. Ensuite, partir en chantier nécessite une bonne préparation de votre sac à dos : pensez au pays où vous vous rendez et adaptez vous (par exemple prévoyez un adaptateur de prise électrique, des chaussures fermées pour le terrain et le chantier, des vêtements adaptés à la météo locale, …). Il est important de ne rien oublier et de prévoir suffisamment d’affaires, sans pour autant avoir un sac trop encombrant. Autrement dit, pour passer un agréable séjour, il vaut mieux anticiper plutôt que se précipiter ! Il est souvent demandé au bénévole de se présenter (brièvement) à l’écrit, d’indiquer la raison du choix du stage choisi et sa motivation pour le faire. Ne voyez pas ça d’un mauvais œil, ce n’est pas un test éliminatoire mais tout simplement une question permettant de connaître votre motivation pour le projet, ce que vous pouvez apporter et ce que vous aimez. Voici, étapes par étapes, comment s’inscrire à un chantier jeune bénévole sur Concordia :

1) Ecrivez « Concordia » dans votre moteur de recherche et ouvrez leur site internet (sinon, écrivez https://www.concordia.fr/ dans la barre de recherche).

2) Sélectionnez la rubrique « Trouver votre projet ».

3) Vous pouvez désormais choisir le continent et le pays dans lesquels vous voulez faire votre stage. Il est également possible de choisir la thématique du stage (agriculture, animation, culture …) et le type d’action (pour les adolescents, adultes, voyages longs …).

4) Rentrez une date de début et une date de fin du séjour en dessous (prévoyez large pour être sûr d’obtenir un séjour d’au moins une semaine). Cliquez ensuite sur la case « Appliquer » pour obtenir des résultats de projets, ou « Réinitialiser » si vous souhaitez modifier ou recommencer vos choix.

Une fois que votre choix est fait et que vous êtes sûr du projet que vous voulez réaliser, il ne reste plus qu’à vous créer un compte Concordia. Vous pourrez ensuite ajouter le projet à votre « sac à dos », puis un ensemble de fichiers vous seront demandés pour créer un dossier et vous inscrire au séjour.

Fin du guidage, il s’agissait ici de vous aider, mais parler de mon expérience personnelle à un chantier jeune est évidemment plus intéressant. En tant que jeune (16 ans) en vacances d’été, j’avais beaucoup de temps libre. Sport, musique, voyages, les vacances sont en effet un moment de plaisir qui accorde à chacun du temps pour faire ce qu’il aime. Ainsi pour le goût du voyage, de la découverte mais aussi du bénévolat, je me suis envolé pour Londres, puis j’ai rejoint la ville d’Hastings au Sud de l’Angleterre. Où est-ce que je me rendais ? A un chantier jeune ! Durant une semaine, je séjournais dans un grand centre près d’une forêt, en compagnie de treize autres adolescents de mon âge (entre 15 – 17 ans), à côté de la ville d’Hastings. Parmi les quatorze participants il y avait cinq nationalités différentes : cinq Italien(e)s, une Belge, une Allemande, quatre Espagnol(e)s et trois Français. Ainsi, tout se faisait en anglais : un moyen sûr de s’améliorer et de communiquer. Vu que personne d’entre nous – à part les animatrices – ne parlait anglais couramment, notre langage n’était pas parfait du tout mais les échanges se faisaient tout de même. Concernant la vie en communauté, ce n’est pas facile au début car on arrive dans un nouveau groupe, entouré de personnes qui ne parlent pas tous la même lague maternelle. Il y a de la timidité dans l’air au début. Mais pas d’inquiétude, c’est tout à fait normal. Une fois arrivés au centre nous étions déjà en train de nous présenter, de parler de nous et d’apprendre nos prénoms. C’est d’ailleurs si satisfaisant, les premières fois où on commence à se débrouiller dans une langue (l’anglais par exemple) et se faire comprendre ! C’est à ce moment là que l’on réalise que l’anglais est utile. C’est à ce moment là aussi que face au manque de mots aux confusions, on a envie de s’améliorer pour être vraiment compris.

Le travail de ce chantier jeune était la création de costumes à l’occasion du carnaval d’Hastings qui se déroulait le samedi. En ce qui concerne les déguisements, il n’y avait pas de thèmes imposés, mais notre centre d’hébergement avait choisi celui des animaux, du fait de leur implication dans la protection des animaux et de la forêt. Après une première journée d’explication sur les carnavals, la visite de la forêt et du centre, nous étions vraiment prêts à nous y mettre et préparer des costumes dignes de ce nom. Chaque matin et l’après midi parfois, nous travaillions sur ces costumes et masques. Pas la plus ardue des tâches, évidemment, mais c’était amusant tout en restant du travail manuel (qui peut être parfois pénible). On ne parlait pas vraiment de motivation car les travaux n’étaient pas de grande ampleur, cependant l’envie de créer un costume original et bien construit nous poussait à rester concentrés et appliqués. – Coup de ciseaux, passe-moi le pistolet à colle s’il te plaît. Mince je me suis brûlé… voilà de la peinture verte si tu as besoin – un « joyeux bordel », ces travaux manuels ! Finalement le résultat est assez satisfaisant : le masque et son costume sont prêts à l’usage, vous n’attendez plus que le jour du carnaval. Prêt pour parader dans les rues d’Hastings !

photos Emilien Cotrait
photos Emilien Cotrait

Ainsi, on doit considérer ce travail dans les chantiers bénévoles comme une source d’amusement et de découverte. Les chantiers jeunes consistent à repeindre une école, aider des populations dans le besoin dans certains pays en voie de développement, réhabiliter des routes et des infrastructures, participer à un festival, aider des enfants à l’école, aménager des espaces… Pour résumer, il s’agit d’un séjour où l’on aide bénévolement à la réalisation d’un projet, parfois très utile, tout en prenant du plaisir au contact des autres bénévoles.

Verdict : Au vu de la description que je donne et de ce que ça apporte, je vous recommande vivement ces chantiers jeunes bénévoles qui sont une source incroyable de découverte, de partage et d’apprentissage. Si chacun peut y trouver quelque chose de spécial, c’est que ces séjours savent mêler le travail et le divertissement.

Mon conseil : N’hésitez pas à faire des chantiers jeunes, tout comme d’autres séjours ou expériences, qui sont enrichissants pour votre parcours professionnel et social, mais également pour votre culture générale. C’est un bon moyen de changer d’air, se dépayser avec un peu de curiosité et de débrouille.

Emilien Cotrait

Arts et Culture

CC BY-SA 4.0 – photo : Frank Schwichtenberg

Travis Scott : Look Mom I can fly

Le 28 août 2019, le film documentaire Look mom I can fly sur la vie de Travis Scott, très célèbre rappeur américain, est sorti sur la plateforme de streaming Netflix. Le documentaire d’un peu plus d’une heure vingt retrace la vie de Jaques Webster, aussi connu sous le nom de Travis Scott, de ses débuts en musique et ses premières parties de concert où personne ne le connaissait, jusqu’au succès planétaire de l’album Astroworld. Un album qui le classa définitivement au rang de superstar du rap et du monde musical. Tout un tas de mélioratifs peuvent le qualifier au vu de son œuvre musicale… Mais qui est vraiment Travis Scott ? Qu’est-ce qui le distingue des autres dans la musique, et quels aspects de sa vie sont mis en avant dans le documentaire ? Des questions auxquelles nous nous réjouissons de répondre, tant le sujet est plaisant. Are you ready, guys and girls ? It’s just the beginning of a lit, amazing, story ! (« Etes vous prêts les gars et les filles ? C’est juste le début d’une histoire folle, incroyable ! »).

[note : l’article n’explorera pas l’ensemble de sa vie d’artistique et personnelle, car ceci ne doit pas ressembler à une bio Wikipédia mais a une analyse de l’artiste et de son œuvre].

Ainsi, Jacques Berman Webster II aussi connu sous le nom (professionnel) de Travis Scott est né le 30 avril 1991 à Houston, Texas, aux Etats-Unis. Il est un rappeur, chanteur et compositeur très célèbre pour ces trois albums à succès et son ascension fulgurante vers la gloire.

Tout commence à Houston dans l’état du Texas : jusqu’à l’âge de six ans, Travis (appelons le ainsi) vivait avec sa grand-mère à South Park, Houston. Situé dans le centre sud de la ville, ce quartier était réputé pour la criminalité et la délinquance. Un milieu de vie parfois stressant et inquiétant, qui impacta la mémoire du jeune Travis Scott : celui-ci déclarait « I saw mad bums and crazy spazzed out motherfuckers, I saw people looking weird, hungry, and grimey. I was always like, ‘I gotta get the fuck out this shit.’ It gave me my edge [it made me] who I am right now. ». Ce que l’on pourrait traduire par « J’ai vu des fous insensés, des gens fous, j’ai vu des gens bizarres, affamés et crasseux. Je me disais toujours : ‘‘ Je dois me débarrasser de cette m**de. ’’ ça m’a donc donné un avantage, une motivation qui fait que je suis là en ce moment ». Source d’inspiration ? Non, plutôt source de motivation ! S’il passe le reste de son enfance, éloigné des milieux dangereux, la motivation de ne pas sombrer dans la délinquance et la pauvreté est toujours présente. D’une mère employée chez Apple et d’un père chef d’entreprise, Travis reçoit une très bonne éducation et est diplômé en high school (équivalent du baccalauréat au lycée) à seulement 17 ans. Le génie est très ambitieux et part à l’Université de San Antonio au Texas. Cependant le jazz et le hip hop l’ont bercé depuis son enfance, et il en a de très bons souvenirs. Cette passion ne l’a jamais quitté et ça y est, il abandonne les études en deuxième année d’université, afin de se lancer dans la musique et de s’y consacrer pleinement. Schéma classique, oui. Une histoire qui paraît semblable à celle de plusieurs autres rappeurs outre Atlantique. Mais faire le choix du cœur avec le rap est évident pour lui à l’époque : si l’on regarde Travis Scott aujourd’hui, et sa place écrasante dans la musique, on ne peut qu’approuver cette décision. Les parents, frustrés que leur fils ait abandonné ses études, décident de lui couper les vivres. Travis Scott part donc à New York pour se lancer et travailler sur la musique dans une ville fleurissante de stars et de producteurs. Ses débuts, vers la fin des années 2000, ne sont pas glorieux… mais rien n’arrête Travis Scott, jeune prodige qui depuis le début de son parcours musical n’a jamais abandonné malgré les hauts et les bas. Plus de bas d’ailleurs, à ces débuts, et ça parait logique, mais les « singles » (chansons énormément écoutées qui mettent l’artiste en lumière) que sont « Mamacita » et « Antidote » le propulsent au sommet de la sphère musicale. Vous connaissez la suite : que ce soit en termes de fans, de popularité, de contrats avec les labels et de succès dans les ventes de musique, Travis Scott explose les compteurs ! La consécration pour lui, un modèle pour son public ! On pourrait facilement conclure le papier sur la phrase « Never give up » – « N’abandonne jamais » – qui est une leçon de vie bien connue. Toutefois, comment s’est-il imposé et distingué des autres dans ce milieu de haut niveau en changement constant ? Transition intéressante…

Travis $cott, un style à lui… Laflame (son surnom) a son style à lui, peu comparable, il s’est donc distingué grâce à un « flow » (style) particulier. La recette : il mêle souvent des séquences de rap pur, se montre parfois technique, sans en abuser. On parle souvent de lui comme d’un artiste polyvalent : il parvient souvent à trouver un juste milieu pour ne pas être considéré comme un « mumble rappeur » (des rappeurs qui volontairement, chantent sans articuler correctement, ce qui donne des effets), sans pour autant tomber dans la case du ‘‘ simple rappeur ’’ qui ne correspond plus vraiment aujourd’hui. La raison pour laquelle le mot rappeur devient un abus de langage, est que les artistes se diversifient de plus en plus dans leur flow, leur musicalité et leur façon de chanter. Parfois, des refrains et même des couplets entiers sont chantés par un rappeur, d’autres fois une chanson de rap se mêle avec un autre style de musique et vice versa. De ce fait, on peut dire – il s’agit d’ailleurs d’un sujet beaucoup repris par les artistes – que le rap et la musique en général sont très diversifiés. On ne peut plus vraiment classer chaque artiste dans des cases, des catégories, et créer des limites infranchissables entre chaque style musical comme auparavant. En bref, le rap est actuellement un conglomérat de styles et d’influences et on comprend que certains artistes comme Travis Scott se différencient avec un flow qui leur est propre et une polyvalence comme on en voit rarement. Ensuite viennent les paroles et la voix : tout est une histoire d’apparence et de beauté dans le rap. On parle bien de beauté du rap car actuellement, de nombreux rappeurs visent la performance et les fans par une belle mélodie et un joli timbre de voix. Si certains sont de véritables diamants bruts grâce à leur voix, d’autres n’hésitent pas à user – sans modération – de divers effets de voix tels que la fameuse autotune, lors de l’enregistrement des chansons. L’autotune est un effet modificateur de voix, permettant de trouver d’autres fréquences et d’autres mélodies, de cacher une imperfection ou bien de donner quelque chose de frais à la chanson. Travis Scott est donc un fervent utilisateur de l’autotune, et ça rend bien : c’est souvent le petit truc en plus qui va faire apprécier un son, qui va embellir la mélodie. Maintenant, les paroles : Laflame n’est pas un artiste qui va vous raconter les problèmes de sa vie ou donner son avis sur les grands sujets sociétaux, il ne va pas non plus militer activement pour une cause dans ses musiques. Un peu dommage, car nous sommes dans une génération musicale où l’on perd ce côté dénonciateur et moralisateur au profit de l’humour, de la célébrité et du divertissement. Pour en revenir à Travis Scott, lui va donc plus parler de sa célébrité, son rapport à l’argent et son pouvoir financier, de la drogue, du sexe et de ses inspirations par exemple. Les paroles ne sont ainsi pas toujours très réfléchies… mais au final, est-ce vraiment dérangeant ? Non bien sûr, allez dire aux parents et grands-parents moralisateurs de ranger leur expertise musicale et de profiter un peu du moment, de profiter un peu de la musique telle qu’elle est. Peu importe les paroles et le message, il faut savoir profiter de la musique et s’en amuser !

Le dernier indice qui fait que Travis Scott se distingue des autres artistes, est son énergie : ce gars est un concentré de vitamine C, débordant de bonne humeur et d’explosivité, aussi bien sur scène qu’en studio, et dans sa vie quotidienne. D’ailleurs Travis Scott n’est pas excité, mais bel et bien possédé lors de ses concerts. Il s’agite avec passion et transmet une énergie toujours positive qui lui permet d’avancer, de faire rêver son public avec un slogan « everything is possible ! ».

Un documentaire sur sa vie… Pour couronner le tout, comme si tout ceci ne suffisait pas, la plateforme de diffusion de films et de séries Netflix, a sorti un documentaire retraçant tout le parcours de Travis Scott. De ses débuts en musique et ses premières parties de concert où personne ne le connaissait, jusqu’au succès planétaire de l’album Astroworld, une partie de sa carrière est passée au peigne fin. « Damn ! How many people here ? » (« Combien y a-t-il de personnes là ? ») déclare-t-il avec surprise quand il visionne une vidéo de l’un de ses premiers concerts. Il était alors inconnu du grand public, on peut voir sur son téléphone (voir documentaire) un rassemblement d’une vingtaine de personne autour d’une scène, et une ambiance assez calme règne. Ensuite, de nombreuses vidéos de ses concerts durant les deux dernières années nous convainquent de la popularité de l’artiste et de sa réussite. Des milliers de fans sont rassemblés, dans une ambiance de folie, n’attendant qu’une seule chose : que le show commence. Dès les premières notes, c’est l’explosion de joie dans la salle. Les cris fusent et des milliers de fans chantent déjà les paroles en cœur. Toute cette foule s’agite avec une énergie incroyable et les mouvements de foule lors de ses concerts montrent à quel point les fans sont heureux du moment qu’ils vivent. Un véritable showman ! Ensuite, le documentaire est une porte ouverte sur sa vie privée, en compagnie de sa femme Kylie Jener (autre star du mannequinat et des réseaux sociaux). On le voit aussi avec sa fille Stromy, une adorable petite fille éduquée dans un luxe et un confort apparent. On voit également Travis Scott dans sa vie d’artiste, lors de grands évènements comme le concert du Superbowl 2019 (concert à la mi-temps du célèbre match de football américain aux Etats-Unis), lors de la remise des prix des Grammy Awards, ou encore lors de son festival organisé à Houston sur le thème du parc d’attraction Astroworld, en référence au parc où il s’amusait dans son enfance.

Si je devais laisser mon verdict, voici ce que je dirais : « Un documentaire touchant par moment, très profond et intense dans les émotions délivrées ! Une réussite ». Le documentaire vous donnera sans doute envie de découvrir l’artiste et sa musique (si vous ne le connaissez pas). Surtout, il vous montrera que sa musique rassemble et donne une certaine joie… que l’on ne peut pas vraiment décrire.

Emilien Cotrait

Culture & International

photo extraite de l’encyclopédie collaborative Wikipedia (libre de droits)

Prix Nobel : récompenser le progrès

Tout au long de la semaine dernière (mi-octobre 2019) avait lieu la fameuse cérémonie de remise des prix Nobel, très attendue et souvent synonyme d’avancées techniques et sociales pour l’Homme. Les Prix Nobel sont une récompense accordée chaque année aux personnes « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité » dans différents domaines. On peut lire sur le site internet du prix Nobel « Le prix Nobel est un prix international administré par la Fondation Nobel à Stockholm, en Suède, et basé sur la fortune d’Alfred Nobel, inventeur et entrepreneur suédois. En 1968, la Sveriges Riksbank [banque centrale suédoise] a créé le prix Sveriges Riksbank en sciences économiques à la mémoire d’Alfred Nobel, fondateur du prix Nobel. Chaque prix consiste en une médaille, un diplôme personnel et une certaine récompense en argent. Une personne ou une organisation récompensée par le prix Nobel est appelée lauréate du prix Nobel. Le mot « lauréat » se réfère à être signifié par la couronne de laurier. Dans la Grèce antique, les couronnes de laurier étaient remises aux vainqueurs en signe d’honneur. ». Il faut savoir également que les prix Nobel de Médecine et Physiologie, Physique, Chimie et Littérature sont remis en Suède, alors que la cérémonie du Nobel de la Paix à lieu en Norvège. La répartition date de la séparation des deux pays en 1905. Selon les volontés d’Alfred Nobel, c’est un comité nommé par le Parlement norvégien, qui est chargé de sélectionner les lauréats parmi une longue liste de candidats.

Nous avons mis en lumière sur les Nobels, leurs fonctionnements, mais de grandes questions persistent : Quels sont les nominés cette année ? Peut-on voir à travers les prix Nobels, un aspect élitiste, réservant le succès à une partie de la population ?

Nous nous intéresserons enfin au Nobel de la Paix et de la légitimité qu’il apporte, dans un monde en constante évolution.

L’édition 2019

Avant toutes choses, nous nous devons de rappeler les différents lauréats de cette année, et leur accomplissements / travaux / … :

Médecine ou Physiologie : Le prix Nobel de Médecine ou Physiologie 2019 a été décerné aux chercheurs et professeurs de médecine américains William Kaelin et Gregg Semenza, ainsi qu’au britannique Peter Ratcliffe (aussi chercheur et professeur) pour leurs découvertes sur l’adaptation des cellules à l’apport variable d’oxygène, permettant de lutter contre le cancer et l’anémie.

Physique : Le prix Nobel de Physique 2019 a été décerné au chercheur américain James Peebles pour des découvertes théoriques en cosmologie physique, ainsi qu’aux astrophysiciens suisses Michel Mayor et Didier Queloz pour la découverte d’une exoplanète orbitant autour d’une étoile similaire au Soleil.

Chimie : Le prix Nobel de Chimie 2019 a été décerné aux chercheurs américains John Goodenough et Stanley Whittingham, et japonais Akira Yoshino, des acteurs-clés du développement des batteries au lithium, présentes dans l’électronique portable et l’automobile.

Littérature : Exceptionnellement, les prix Nobel 2018 et 2019 ont été décernés en même temps, après un scandale qui avait empêché la remise de la récompense l’an dernier. Le prix Nobel de littérature 2018 a donc été décerné à la romancière polonaise Olga Tokarczuk, pour avoir écrit une douzaine d’ouvrages de styles différents (poésie, roman historique, policier…). Le prix Nobel de Littérature 2019 a été décerné à l’écrivain autrichien Peter Handke « l’un des plus lus des écrivains de langue allemande, avec plus de quatre-vingts ouvrages publiés » selon Le Monde.

Paix : Le prix Nobel de la Paix 2019 a été décerné au premier ministre éthiopien Abiy Ahmed « pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale, en particulier pour son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée », a déclaré la présidente du comité Nobel.

Economie : Le prix de la Banque centrale de Suède en sciences économiques 2019 (Nobel d’économie) a été décerné à la française Esther Duflo et aux américains Adhijit Banerjee et Michael Kremer, trois économistes et chercheurs, récompensés pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde.

Comment ne pas les féliciter pour leurs travaux, leurs productions et comment ne pas les remercier pour ce qu’ils ont apporté à l’Homme sur le plan scientifique, culturel et social ? Cela va de soi, nous les en remercions.

Récompenser l’élitisme

Si les lauréats disposent généralement d’importants moyens et de travail, de recherche, des fonds conséquents à pour l’expérimentation – et un très haut niveau intellectuel -, cela ne fait que confirmer ce que sont les prix Nobels : des récompenses de l’élitisme. Astrophysicien, chercheur, astronome, médecin, homme/femme politique, écrivain, économiste, professeur en université… si le panel de métiers distingués par ces prix est large, le niveau n’en est pas moins élevé. On parle tout de même de lauréats, ayant (selon les mots de l’académie) « apporté le plus grand bénéfice à l’humanité » ! Si cela peut paraître subjectif pour certains, la formule indique clairement : sont primées les avancées et découvertes scientifiques majeures, les plus grandes œuvres littéraires, les systèmes économiques et financiers bénéfiques à la société ou encore les actes pacifistes de grande ampleur. En sachant que nous sommes plus de sept milliards d’individus sur terre et que se distinguer ne semble pas tache aisée, le travail et la persévérance sont au mieux les clefs de la réussite, sinon la base de toute activité. Les nominés et lauréats des prix Nobels sont donc armés de détermination mais surtout d’un haut niveau intellectuel acquérit lors de longues années d’études, d’apprentissage et de spécialisation. Dans le cas des chercheurs, scientifiques ou littéraires, économistes ou pacifistes, avoir fait des études supérieures de qualité, ou occuper un poste professionnel très qualifié par exemple, peuvent permettre d’accéder plus facilement à des financements pour la rechercher, expérimenter, ou créer. Ces gens sont en quelques sortes « haut placés » professionnellement, mais aussi socialement. Leur capital social et culturel peut s’avérer très important, au quel cas ils pourront étendre leurs recherches à d’autres domaines, obtenir des informations et de l’aide plus facilement, être soutenu financièrement… Quelque soit notre milieu socio-professionnel, notre âge ou notre expérience, la loi du capital global s’applique intuitivement à chacun de nous, suite à quoi certains parviennent à devenir des élites. Disposer de grands moyens financiers et « avoir le bras long » permet évidemment, pour un médecin par exemple, d’en découvrir davantage sur une maladie, et ses symptômes, cela permet également à une économiste (autre exemple) de pouvoir comparer des systèmes macroéconomiques, faires des sondages et des simulations, pour ainsi confirmer ou réfuter une idée sur l’économie… Vous l’aurez compris, dans tous les domaines les capitaux culturels, mais surtout sociaux et financiers sont déterminants. Il ne faut pas négliger, également, la force du groupe : Parmi les lauréats scientifiques (médecine, physique et chimie) des différentes éditions du Nobel, on remarque que des groupes de deux ou trois chercheurs sont souvent récompensés. Contrairement à la littérature (où le tallent et l’œuvre sont personnels), ou à la paix, les sciences sont un domaine de collaboration où l’entente des chercheurs, la mise en commun de leurs savoir mène bien souvent à des avancées scientifiques majeures.

La récompense du prix Nobel couronne, en quelques sortes, l’élite de la société qui est seule à pouvoir se distinguer (en science, en littérature, …) du reste des individus, puisqu’elle en a les moyens. Toutefois, cet élitisme reste nécessaire à la population, qui bénéficie directement des avancées sur des domaines variés.

Prix Nobel de la paix : quelle légitimité ?

Le prix Nobel de la paix récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix », selon les volontés définies par le testament d’Alfred Nobel. En d’autres termes, il s’agit de récompenser la lutte pour la paix, les droits de l’homme, l’aide humanitaire et la liberté. Cette distinction est d’autant plus attendue puisque nous connaissons sans cesse à travers le monde, plusieurs conflits ou affrontements armés aux enjeux variés, qui changent le mode de vie des sociétés et restreignent les libertés. De très grands noms ont été mis à l’honneur, comme la religieuse Mère Teresa, le militant à l’égalité raciale Martin Luther King Jr, ou encore l’homme d’Etat anti-apartheid Nelson Mandela. Ils ont ainsi profité de cette distinction pour affirmer leur légitimité sur la scène internationale : le groupe France Télévision déclare dans une vidéo explicative « Quand on est prix Nobel de la paix, on agit pour le bien-être de tous ! Les lauréats de cette récompense gagnent surtout en célébrité et respect. Leur action est mise en avant, et cela les aide à mener leur combat pour la paix. ». Par ailleurs, chaque lauréat reçoit (en plus de son diplôme et de sa médaille) une somme d’argent conséquente avoisinant les 800 000 euros. Ils peuvent utiliser cet argent comme bon leur semble : poursuivre des projets, faire de la prévention ou informer, intervenir dans différents milieux socio-professionnels, voyager pour tenter d’instaurer la paix dans des zones de conflit, etc. Quoi qu’il en soit, suite à cette nomination les lauréats sont sous les feux des projecteurs et ont l’opportunité de continuer à travailler avec une plus grande efficacité.

Certes, le prix Nobel de la paix peut légitimer un acteur clef du pacifisme, en lui apportant de la crédibilité dans l’opinion publique. Cependant il peut aussi être contesté dans certains cas :

  1. Un lauréat ayant commit des actes condamnables dans son passé ou ayant une réputation ternie : Le secrétaire d’Etat américain henry Kissinger a reçu le Nobel pour la signature des accords de Paris, mettant fin à la guerre du Vietnam. Or, il était secrétaire d’Etat au moment de l’opération Condor (le bombardement au Cambodge) et a été « accusé de soutenir des dictatures d’extrême droite pendant la guerre froide et d’avoir suscité l’escalade du conflit au Vietnam » rapporte l’OBS.
  2. Une nomination ne s’expliquant pas par des actes et engagement concrets en faveur de la paix : Le président des Etats-Unis Barack Obama était difficilement critiquable lors de son élection, incarnant une l’image d’une Amérique plus égalitaire et tolérante, et sans armes nucléaires. Pourtant, il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 2009, simplement pour ses projets et son idéologie contre l’armement nucléaire. De nombreux dirigeants ont été extrêmement surpris, car le rôle des E.U. dans les conflits mondiaux était alors prépondérant (« gendarme du monde »). Surtout, l’hebdomadaire américain Newsweek a réagit ainsi : « Nous nous trouvons dans un univers particulier où les bonnes intentions sont récompensées avant qu’elles ne soient métamorphosées en bonnes actions ou en faits réels. ».

Emilien Cotrait